News / Brèves
Back to previous selection / Retour à la sélection précédente

On ne peut pas ménager la chèvre de la finance et le choux de l’économie réelle

Printable version / Version imprimable

S&P—Suite à la première vague médiatique ayant tout fait pour occulter l’importance fondamentale du voyage du président Trump en Asie, une contre-propagande s’organise, montrant s’il le fallait que si la grande majorité des médias se trouve entre les mains d’une poignée d’oligarques, la population, et même une partie de l’establishment, est de moins en moins dupe.

Par exemple, après avoir publié une diatribe cynique le 10 novembre sur le fait que Donald Trump est passé d’une rhétorique anti-chinoise pendant sa campagne à une relation plus qu’amicale avec le président Xi Jinping, le Baltimore Suna publié une tribune intitulée « La vision alternative (pas amusante du tout) du Sun sur les relations chinoises ». L’auteur, Doug Mallouk, rappelle qu’avant Trump plusieurs dirigeants ont su changer leur opinion dans un sens positif, comme l’ancien président sud-africain Frederik de Klerk à l’égard de l’apartheid ou l’ancien premier ministre israélien Yitzhal Rabin envers la Palestine. Puis Mallouk montre quel extraordinaire potentiel de développement la Chine porte avec elle et comment cela peut contribuer à reconstruire une économie moribonde en Occident, prise dans la nasse des dettes et de la spéculation financière.

Plus significatif encore, le magazine The Atlantic, porte-voix d’une élite américaine très ancrée dans le système et, comme son nom l’indique, très atlantiste, a publié dans son édition du 17 novembre un article faisant une évaluation très réaliste du nouveau paradigme économique qui s’est manifesté à travers le voyage de Trump en Asie. L’article s’intitule « C’est une erreur de sous-estimer la Chine – Le vaste projet d’infrastructure de ce pays est un modèle de croissance pour le monde en développement ». « La Chine a un grand avantage », écrit l’auteur Krishnadev Calamur. « Elle offre aux pays où elle investit une vision pour le futur. D’une certaine manière, à travers la Ceinture et la route, elle cherche à répliquer ce qu’elle a réalisé à l’intérieur de ses propres frontières pendant les trois dernières décennies – des investissements qui ont permis de sortir 700 millions de personnes de la pauvreté et de les faire accéder à un niveau de vie de classe moyenne ».

Reconstruire l’économie réelle...

Depuis le retour du président de sa tournée en Asie, l’administration Trump est entrée dans la phase préparative d’échanges avec les membres du Congrès faisant partie des commissions sur le transport et les infrastructures avant le dépôt de son projet de loi pour rebâtir les infrastructures. Il est prévu qu’un mémo extensif sur cette question soit communiqué au Congrès à la fin du mois de novembre.

Dans un entretien sur Bloomberg, le PDG de RXR Realty Corp, Scott Rechler, souligne l’urgence de reconstruire des infrastructures américaines en plein dépérissement, tout en critiquant la méthode de Trump pour y arriver : des réductions massives d’impôts sur les sociétés pour inciter celles-ci à rapatrier leur argent de l’étranger et l’investir dans des grands chantiers. Doutant de la bonne volonté des entreprises à rapatrier leur argent bien planqué dans les paradis fiscaux, Rechler propose plutôt de passer par le public : la construction des infrastructures « est vraiment un investissement pour le futur », dit-il. « Les 1500 milliards de dollars en moins dans les recettes en raison de l’abaissement de l’impôt sur les sociétés auraient pu être investis dans les infrastructures ». M. Macron, qui croit lui aussi qu’en attirant l’argent spéculatif en France, celui-ci finira par s’investir dans la production, pourrait en prendre de la graine !

Par ailleurs, l’universitaire David Firestein, du China Public Policy Center de l’Institut de gouvernement Lyndon B. Johnson, a écrit le 16 novembre un article publié par le magazine Fortune, intitulé « Pourquoi l’Amérique ne peut pas se reconstruire sans la Chine », dans lequel il affirme que le capital chinois, à travers des prêts – et non au moyen d’achats des entreprises – permettra aux travailleurs américains de construire de nouvelles infrastructures, comme l’avait promis Trump.
… mais sans la vérole de Wall Street

L’économie ne pourra pas être relancée en ménageant la finance folle, pas seulement en raison des moyens dont se prive l’État par une fiscalité avantageuse à son égard, comme le souligne le PDG de RXR Realty Corp, mais surtout parce que le système financier est au bord du krach.

Une nouvelle série d’articles est parue ces derniers jours dans la presse anglo-saxonne, évoquant la situation périlleuse de la bulle des dettes des entreprises, en particulier aux États-Unis, qui atteint aujourd’hui 14 000 milliards de dollars, et dont la part la plus « toxique », celle des obligations pourries ou poubelles, croît actuellement de façon vertigineuse – elle est passée de 800 à 3000 milliards en un an. Comme le fait remarquer le Wall Street Journal, la hausse relative des taux sur ces obligations , qui sont passés la semaine dernière de 3,3 % à 3,8 %, a provoqué le retrait soudain de 6,7 milliards de dollars du marché. De son côté, le Financial Times écrit que ce retrait soudain à provoqué « des inquiétudes sur le danger de contagion se font ressentir suite aux ventes de bonds poubelles ».